Ecoute parler le bateau que tu croyais mener.
Et le vaisseau dit à l’imposteur qui se croyait seul maître
à bord :
Je ne suis pas Achab, je ne suis pas capitaine
Ce n’est pas la haine qui me fait naviguer
Je vogue sur deux pieds, c’est moi qui te ramène
Que faisais-tu de nuit sur le pont, avec ta torche et ta
poix ?
Ne sais-tu pas que j’ai en cale tant d’aunes de voiles
neuves ?
C’est moi qui t’ai ramené au port de cette saison.
A peine à terre tu te retournes montrant les dents de ta
peur
Je n’ai jamais aimé ta peur, le masque qu’elle te met.
Si tu te tords sur le quai, reptile ou flaque à serpiller, à
quoi sert le voyage ?
C’est étrange quand j'y songe, me retournant, comme on
apprend, sans s’arrêter sans rien figer, apprend à voir. On ne sait pas
vraiment comment, c’est peut-être en marchant dans ces lieux-dits où le
cadastre appelle les chemins des vies, dans ces forêts dont je dresse les
cartes en marchant sous les houppiers. Où je marche dans les partitions de la
lumière. Et parce qu’elle y peint comme Cézanne dans les ombres les couleurs.
Et que le temps y est autre.
Je ne sais pas vraiment comment, j'ai appris à te voir. Les
yeux bien sûr, pourtant ce sont les mêmes, alors l’oreille aussi, mémoire et synesthésie ?
Parce que j'ai entendu deux voix, parler ensemble dans ta bouche, superposées
puis fondues, ce que j'en ai retenu.
Dans le temps dans l’épaisseur des plans, ce qu’on traverse
et retient, comme une eau la pierre et la rosette, et puis le rhizome et l’odeur
de l’humus, comme un passé pourri.
Malgré le silence des taches, tu vois, on marche toujours en
avant, mais apprendre a deux sens.
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